Exploitation d’une coupe

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Ce peut être le propriétaire lui-même qui engage le travail; mais la plupart du temps il vend (ou fait vendre) sa parcelle à un marchand qui va en confier la surveillance à son subordonné, le facteur de bois.

Elle se fait du 15 novembre au 15 avril. Les données que nous allons dévoiler proviennent des cahiers de l’un d’eux qui officiait vers 1850.

1° Achat par adjudication:       

Il comprend le Prix Principal (de 500F à 1000F l’hectare) auquel on ajoute une taxe du Dixième. Il sera  encore grevé des frais d’enregistrement, de dépose de l’empreinte du marteau et des travaux à faire dans les chemins. Ce qui augmente le prix de 20 à 30%.

2° Embauche des ouvriers:

EXPLOITATION 1
Les bûcherons ne se serviront que de la cognée, de la serpe et de la scie. Ils toucheront 3F de la corde de moulée hauteur de bûches ou de celle de souches, 90 centimes de la corde de charbonnage de 26 pouces de haut, 1F du cent de chantiers. Ils auront aussi 7,50F de pot de vin, les copeaux pour eux et le bois sec. Certains se spécialiseront dans l’abattage des charpentes à 0,25F la pièce.

Les fagotiers n’utiliseront que la serpe, toucheront 1,25F du cent et la paille leur sera fournie pour coucher dans le bois. Ils devront couper eux-mêmes les rouettes pour le liage.

         Les charbonniers viennent souvent avec leur famille et construisent une loge près de la place délimitée. Ils toucheront 3,75F pour les premiers fourneaux de 3 stères qui ne produisent pas de charbon mais servent seulement à chauffer la sole; puis ils n’auront qu’un Franc pour chaque fourneau de 5 stères.

EXPLOITATION 2

Les charpentiers équarrisseurs dégrossissent l’arbre directement avec leurs haches à blanchir dont la lame est légèrement inclinée.

         Les scieurs de long attaquent la pièce avec leur longue scie, le singe au-dessus et le renard dessous.

EXPLOITATION 3
3° Produits finis: La moulée est coupée à 1,14 mètre, comme depuis toujours, et les plus gros morceaux sont fendus. Elle est encore souvent empilée en cordes dont le volume est différent selon les ruisseaux (de 4 à 6 stères). La Loi sur l’obligation de l’emploi du système métrique est passée depuis peu mais les ouvriers l’ignorent.

         La partie basse de la grosse branche est coupée en longueur de bûches puis empilée séparément. On obtient ainsi des cordes de souches dont le bois est de moindre qualité.

         Des chantiers et perches sont parfois recherchés. Ce sont de longues branches que l’on destine à la confection des trains de bois qui descendent à Paris. Pour lier l’ensemble du radeau il faut aussi couper (ou arracher) des rouettes, brins souples qui seront vrillés.

         La rame est transformée en fagots; les épines, arrachées, deviendront des bourrées.

         Les charpentes seront débitées en poutres (mesurées en pièces, pieds, pouces), chevrons et planches (évalués en toises).

         Les fendeurs empileront des merrains pour futailles, des lattes et des paisseaux (pieux de vigne).

         Les gros copeaux seront vendus en cordes.

 

Sortie de la forêt:                                                                                  

Dès le printemps le voiturier entre dans la coupe avec ses boeufs et sa charrette. Il va charger les bûches et descendre le raide chemin avant d’empiler le tout sous la digue d’un étang. Il a entrepris ce travail pour environ 2F la corde. Il pourra aussi sortir les fagots, les chantiers, les charpentes, l’écorce…

EXPLOITATION 4

  Ce sont des cordes morvandelles qui attendent. Un empileur va reprendre les morceaux un à un pour faire des piles aux cordes des Commerces (4,7 stères pour l’Yonne; 4,9 pour la Cure). Bientôt on ne parlera plus que de décastères (décistères pour les charpentes).

EXPLOITATION 5
     C’est souvent là que le bois change de main. Le marchand intéressé au flottage à bûches perdues a retenu certaines coupes auprès des propriétaires. Il va maintenant imprimer son empreinte à chaque bout. C’est l’affaire du marteleur.